lundi 13 septembre 2010

Adieu Claude !


Le goût de la folie.

Je n'ai jamais cru que la folie existe vraiment. J'ai dû avoir une expérience, très jeune, d'un proche parent un peu fada. Mais je suis toujours très sceptique quand on me présente quelqu'un comme détraqué : il y a toujours des raisons et les choses ne sont jamais aussi simples. (...) À partir du moment où les gens ne participent pas de l'équilibre officiel, ils ont tendance à m'intéresser. Le personnage d'Ophélia est un cas de schizophrénie à tendance paranoïaque, mais mes personnages ne sont jamais présentés comme des fous typiques. Un cas, c'est déjà rassurant. Ce que j'aime bien chez les « fous », c'est qu'ils sont inquiétants pour des gens qui m'inquiètent bien davantage, ceux qui ont digéré l'extraordinaire monotonie de leur existence, qui non seulement la tolèrent mais s'en nourrissent. Je ne crois pas beaucoup à la psychanalyse, à la clé des songes. Ce n'est pas très sérieux. Je crois à la démarche philosophique qu'implique la psychanalyse, mais assez peu à son aspect thérapeutique. Si cela guérit la souffrance du psychopathe, tant mieux. Mais le retour à la norme me paraît plus inquiétant que la folie.

Extrait d'un entretien avec Claude Chabrol,
in Claude Chabrol, de Joël Magny.

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